Les reptiles de Charente-Maritime
Tortues, lézards et serpents sont tous des reptiles. On dénombre à ce jour 13 espèces en Charente-Maritime sur les 39 présentes en France.
Les Tortues
La Charente-Maritime n'abrite qu'une tortue indigène, la Cistude d'Europe Emys orbicularis. Cette espèce aquatique est essentiellement présente dans les marais de Brouage, d'Arvert ainsi que dans les zones humides de Haute-Saintonge. Le statut des animaux observés le long du fleuve Charente et de ses principaux affluents demeure encore mal connnu. L'indigénat des individus observés au nord du fleuve Charente est douteux hormis quelques populations proches de régions sableuses comme à Tonnay-Charente ou à Yves. Car la cistude est dépendante de la présence de sols sableux, meubles et drainants pour y déposer sa ponte, incubée par le soleil.
La Charente-Maritime héberge d'importantes populations de cette petite tortue quasi menacée aux plans national et mondial. L'espèce est assez facile à observer le long des canaux du marais de Brouage, notamment dans le secteur de la tour de Broue. On peut l'y trouver de février (pour les tous premiers individus) à octobre. La majorité des individus sortent toutefois de leur léthargie hivernale en mars.
Cistude d'Europe Emys orbicularis prenant le soleil en marge d'un canal du marais de Brouage (cliché PJ).
D'autres espèces de tortues ont été signalées en Charente-Maritime, toutes d'origine exotique. La plus répandue est la Trachémide écrite (ou Tortue de Floride) Trachemys scripta, largement importée d'Amérique du Nord en tant qu'animal de compagnie et dont beaucoup d'individus ont été relâchés dans le milieu naturel. Une fiche d'identification permet de différencier ces deux tortues aquatiques.
Groupe de Tréchémyde écrite Trachemys scripta près de Royan (cliché PJ).
La Tortue épineuse Apalone sopinifera a été observé près de Saintes sur le fleuve Charente. Il s'agit d'une grande tortue d'eau à carapace très plate. La Tortue grecque Testudo gaeca est aussi une espèce souvent détenue en captivité et que l'on retrouve parfois loins des maisons. A notre connaissance, aucune de ces trois espèces exotiques ne se reproduit actuellement en milieu naturel.
Les lézards, orvet, Seps et compagnie
L'Orvet fragile Anguis fragilis et les Lézards des murailles Podarcis muralis, vert Lacerta bilineata et ocellé Timon lepidus sont toutes des espèces autochtones en Charente-Maritime. Le Lézard des murailles est de loin le plus abondant et le plus fréquent de tous. Il est présent dans quasiment tous les types de milieux et fréquente assidument les jardins. Le Lézard vert est lui aussi répandu mais, plus farouche, il se tient généralement à l'écart du milieu bâti. On l'observe essentiellement le long des lisières boisées et des fourrés, bien ensoleillés. Dans les dunes d'Oléron et dans quelques landes du sud du département, il cotoie le plus grand lézard de France, le Lézard ocellé, dont les mâles peuvent atteindre 55 à 70 cm. C'est de loin le plus rare et le plus menacé des reptiles du département. Il se maintient en aire disjointe de ses bastions méditerranéens. L'Orvet fragile, dénué de pattes, est rarissime en dehors de l'île d'Oléron et de la presquîle d'Arvert. Cette espèce discrête est très largement méconnue hors des régions sableuses.
Le Lézard des murailles Podarcis muralis est omniprésent, jusque dans les jardins et au coeur des villes (cliché PJ).
Le Seps strié Chalcides striatus ressemble à l'orvet mais dispose de petites pattes latérales. Ce méditerranéen strict a été observé à plusieurs reprises en Charente-Maritime, mais les données récentes manquent. C'est une espèce à rechercher prioritairement pour mieux connaître son statut et éventuellement protéger ses habitats.
Deux autres espèces méridionales ont été observées ponctuellement en Charente-Maritime, sans s'y être implantées. Il s'agit du Psammodrome algire Psammodromus algirus, probablement transporté involontairement par un camping-car venu du Sud et de la Tarente de Maurétanie Tarentola mauritanica, un gecko répandu en péninsule Ibérique, vraisembleblement introduit lors d'importantions d'oliviers par les pépiniéristes.
Les serpents
On dénombre sept espèces de serpents en Charente-Maritimes. Une seule présente un danger potentiel, la Vipère aspic Vipera aspis. Autrefois largement répandue, au point que des équipes professionnelles récoltaient son venin, elle est aujourd'hui devenue très rare et localisée. Elle a quasiment disparue de toutes les régions d'agriculture intensive. Seules quelques populations littorales semblent se maintenir.
Les couleuvres ont, elles aussi, largement régressé. Seule la Couleuvre verte et jaune Hierophis viridiflavus sort son épeingle du jeu. Elle s'observe assez régulièrement le long des lisières boisées, dans les haies, en marge des zones humides mais aussi dans les jardins et les bâtiments bien exposés. Si elle peut être impressionnante, elle est inoffensive.
Rares sont les endroits en France où l'on trouve, côte à côte, les deux espèces de coronelles, à savoir la Coronelle lisse Coronella austriaca et la Coronelle girondine Coronella girondica. C'est le cas dans le sud de la Charente-Maritime. Ces deux espèces demeurent toutefois rares et la Coronelle lisse est probablement menacée de disparition en Charente-Maritime.
Le statut de la Couleuvre vipérine Natrix maura et, dans une moindre mesure, de la Couleuvre à collier Natrix natrix n'est pas plus enviable. Le déclin de ces deux espèces est dramatique. La Couleuvre vipérine était, il y a deux décennies encore, extrèmement commune. La rencontrer le long d'un cours d'eau, ou en pêche dans un canal de marais, est désormais un évènement. La Couleuvre à collier présente désormais des densités très faibles. Sa population se fragmente et elle semble disparaître de régions entières sous la pression de l'agriculture intensive.
La Couleuvre à collier Natrix natrix, autrefois commune, est aujourd'hui bien peu fréquente (cliché PJ).
La belle Couleuvre d'Esculape Elaphe longissima, très forestière, est encore mal connue en Charente-Maritime. Elle est présente dans les boisements du sud du département, dans le nord de la Saintonge et en marge du marais de Brouage. Discrète, elle est probablement plus répandue que ce que nous imaginons mais ses populations demeurent éparses.
La fiche de ce lien permet d'identifier quelques-uns des serpents mentionnés.
Etat des connaissances
Le dramatique déclin des populations de reptiles, leurs faibles densités et leur discrétion rendent difficile l'évaluation fine de leur statut de conservation. Il est désormais essentiel de lancer des prospections ciblées envers certaines espèces, dont on ne sait même plus si elles existent encore (Seps strié) ou si leur survie est encore possible (Coronelle lisse).
Nous vous remercions donc chaleureusement de noter toutes vos observations de reptiles et de contribuer ainsi à leur meilleure connaissance et leur conservation.
Dossier rédigé par Philippe Jourde et Clémentine Gaboriaud, le 28/02/2017
|