A la découverte des gastéropodes continentaux de Charente-Maritime
Les gastéropodes continentaux rassemblent les limaces, les testacelles et les escargots terrestres, des eaux douces et saumâtres. A ce jour, 132 espèces ont été inventoriées en Charente-Maritime mais la présence d'une dizaine d'espèces complémentaires est fortement probable.
Les escargots terrestres
Les escargots terrestres présentent des formes, des écologies et des régimes alimentaires très variés. On peut observer des espèces dans quasiment tous les types de milieux, que ce soit au bord des cours d'eau ou sur les pelouses les plus sèches. Si le Petit-gris Cornu aspersum est de bonne taille, la plupart des espèces font moins d'un centimètre, certaines moins d'un millimètres, comme l'Escargortin minuscule Punctum pygmaeum.
La conformation des coquilles est tout aussi variable. Certains escargots sont en forme de disque, de fuseau, certaines sont coniques, d'autres globuleuses. Leur coloration varient tout autant. Les individus d'Escargot à bord brun Cepaea nemoralis peuvent par exemple être teintés de brun, de rose, de jaune ; striés de bandes sombres ou uniformes. Il existe même des espèces velues comme les veloutées Trochulus spp.
La coquille de la Veloutée commune Trochulus hispidus est recouverte de poils hirsutes (cliché Philippe Jourde).
Les espèces corticoles (qui vivent sur les écorces) sont peu abondantes en Charente-Maritime par rapport à ce que l'on observe dans l'est de l'Europe, foyer de dispersion de la grande famille des clausilidés. Seules cinq espèces sont présentes dans le département.
Le cortège méridional est mieux représenté. Les espèces des milieux les plus chauds, souvent pourvus d'épaisses coquilles claires, s'observent souvent aglutinées sur les végétaux en été, pour fuir le rayonnement thermique du sol. L'espèce la plus démonstrative est la Caragouille rosée Theba pisana pisana, très fréquente dans les dunes et près du littoral. Le nombre d'espèces méridionales s'accroît d'aillerus régulièrement grâce à l'introduction de gastéropodes importés accidentellement par les touristes comme l'Escargot mourguéta Eobania vermiculata ou les Hélicettes ponctuée et veloutées Xerotricha apicina et X. conspurcata.
Le Cyclostome élégant Pomatias elegans est un escargot très commun, pourvu d'un opercule qui ferme la coquille quand l'animal se rétracte, comme un bigorneau (cliché Philippe Jourde).
Les espèces rupestres sont exceptionnelles en Charente-Maritime, faute de support favorable. Les calcaires tendres des falaises d'Aunis et de Saintonge ne semblent pas permettre le développement des lichens dont elles raffolent. Le Maillot avoine Chondrina avenacea, à titre d'exemple, n'est pour l'heure connu que d'une unique localité.
Parmi les espèces les plus rares, il faut mentionner le minuscule Vertigo de Desmoulins Vertigo moulinsiana, protégé au niveau européen et inféodé au bas-marais alcalins.
Le Bouton commun Discus rotundatus s'observe fréquemment sous les souches, dans les bois et les haies (cliché Philippe Jourde).
Les escargots aquatiques
Les "escargots" aquatiques se divisent en quatre cortèges bien différenciés, à savoir les espèces des eaux douces courantes et stagnantes, dont la faune est dominée par les planorbes et les lymnés. Dans les eaux saumâtres s'observent notamment d'abondantes communautés d'hydrobies. Dans les eaux souterraines ou les sous-écoulements de rivières vivent des espèces, généralement de très petites tailles, inféodées aux réseaux karstiques, aux nappes phréatiques et aux zones interstitielles sous les cours d'eau. Difficiles à collecter, elles sont encore très partiellement connues mais l'inventaire régional a déjà permis de découvrir quatre nouvelles espèces de Bythinelles pour la science.
Les testacelles
Les testacelles ont un aspect de limace et possèdent une coquille relictuelle en forme d'ongle à l'extrémité postérieure du corps. Trois espèces ont été inventoriées en Poitou-Charentes mais la présence d'une quatrième est possible.
Les testacelles se nourrissent de vers de terre et chassent dans le sol en suivant les galeries de lombrics. Elles remontent parfois en surface, surtout de nuit, notamment en période d'accouplement des vers, et restent parfois piégées sur les routes et les terrasses faute de pouvoir retourner dans le sol. On les découvre parfois aussi sous des pierres ou des pots de fleurs dans les jardins.
Testacelle commune Testacella haliotidea en train de dévorer un ver de terre (cliché Philippe Jourde).
Les limaces
Les limaces de Charente-Maritime sont encore largement méconnues. Il est probable que plusieurs espèces, notamment des exotiques liées aux cultures, soient présentes sans avoir été formellement identifiées. En effet, la détermination de nombreuses limaces n'est pas chose aisée. Il faut parfois avoir recours à l'examen des génitalias pour pouvoir différencier les espèces proches.
Les activités humaines, notamment l'agriculture et le commerce des plantes ornementales, ont par ailleurs favorisé l'introduction de nombreuses espèces exotiques, ce qui complexifie d'autant plus l'étude de ces animaux.
La Loche hérisson Arion intermedius se reconnaît facilement à son allure "hérissée" quand elle se contracte (cliché Philippe Jourde).
Contribuer à l'inventaire des gastéropodes de Charente-Maritime
Faune-Charente-Maritime propose un masque de saisie dédié aux gastéropodes. Ce module est accessible à tous dans une version simplifiée, qui ne comprend que les espèces faciles à déterminer. Le mode expert, accessible sur demande, permet d'entrer les données de toutes les espèces. N'hésitez pas à nous contacter pour obtenir les droits de saisie si vous vous lancez dans la malacologie : philippe.jourde(at)lpo.fr (remplacer (at) par @.
L'équipe de Faune-Charente-Maritime travaille par ailleurs à la rédaction de clés de déterminations thématiques. Elles seront proposées dans la rubrique "Mollusques"
Des espèces à retrouver ou à trouver !
Plusieurs espèces de gastéropodes sont à rechercher, car leur présence est avérée dans les départements limitrophes. D'autres doivent faire l'objet d'études détaillées pour vérifier leur détermination. Il s'agit notament d'espèces qui ont été divisées en plusieurs taxons et dont l'étude reste à mener localement :
- Veloutée de Michaud / verdâtre Ponentina revelata / subvirescens : récemment divisées, ces deux espèces sont probablement présentes en Charente-Maritime. L'étude des échantillons concervés en collection est en cours et de nouvelles collectes permettront de statuer.
- Pyramidule commun / des rochers Pyramidula pusilla / rupestris : au moins une de ces deux espèces est présente en Charente-Maritime. L'étude locale de ces taxons, récemment divisés, est actuellement en cours.
- Testacelle douteuse Testacella bisulcata, cette espèce méconnue est à rechercher. Elle est censée être largement répartie en France.
La liste complète des espèces de Charente-Maritime
La liste complète des gastéropodes continentaux de Charente-Maritime, incluant les espèces à rechercher, peut être téléchargée en cliquant << ici >>
Dossier rédigé par Philippe Jourde - 22/05/2015
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